- saturnales
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• XIVe; lat. saturnalia, neutre plur.♦ Antiq. Fêtes célébrées dans l'Antiquité romaine en l'honneur de Saturne, au cours desquelles maîtres et esclaves se trouvaient sur un pied de complète égalité et qui étaient l'occasion de diverses réjouissances.♢ (1666) Fig. et littér. Saturnales ou saturnale : temps de licence, de débauche ou de désordre. « Ils jouaient au whist jusqu'à minuit ou une heure du matin, ce qui est une vraie saturnale pour la province » (Barbey).⇒SATURNALES, subst. fém. plur.A. — ANTIQ. ROMAINE. Fêtes accompagnées de grandes réjouissances, célébrées en l'honneur de Saturne, pendant lesquelles les esclaves jouissaient d'une apparente liberté et où tout était permis. Saturnales romaines; sanguinaires saturnales d'esclaves. Cette plaisanterie du Roi de la Fève nous vient des Romains, dont les enfans, pendant les saturnales, tiraient au sort à qui serait roi du festin? (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 32). D'après Macrobe, pour les saturnales, les Romains s'offraient des gâteaux, et le poète Horace fait allusion à la coutume « le roi boit! » (DÉVIGNE, Légend. de Fr., 1942, p. 99).B. — P. ext. Fêtes débridées pendant lesquelles tous les excès sont permis. Synon. orgie. Toutes accouraient, les cheveux dénoués, le torse à peine couvert d'une tunique de mousseline, — et les danses, affolées et lascives, duraient souvent jusqu'au matin. Pomaré se prêtait à ces saturnales du passé, que certain gouverneur essaya inutilement d'interdire (LOTI, Mariage, 1882, p. 129).♦ Au sing. C'était leur jour, leur fête des fous, leur saturnale, l'orgie annuelle de la basoche et de l'école. Pas de turpitude qui ne fût de droit ce jour-là et chose sacrée (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 44).— Au fig. Temps de débordement, manifestation violente (de quelque chose). Saturnales du pouvoir; saturnales du vice. Il avait voté pour M. Dewinck (...) parce qu'il était le drapeau de l'ordre. Oui, les saturnales de la terreur pouvaient renaître (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 374). Il est grand temps de supprimer l'assistance honorifique et pécuniaire que nous prêtons, de père en fils, à ces orgies de médiocrité, à ces saturnales de sottise (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 301).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1355 saturneles plur. « fêtes en l'honneur de Saturne » (BERSUIRE, Tite-Live, ms. Ste-Gen., f ° 37b ds GDF. Compl.); 1541 festins saturnaux (G. MICHEL, trad. de SUÉTONE, Des faictz et gestes des douze Caesars, II, 82 v ° ds HUG.); 2. 1666 au fig. saturnales plur. (GUY PATIN, Lettres choisies, Rotterdam, 1689, 342 ds Fr. mod. t. 33 1965, p. 229). Empr. au lat. saturnalia « fêtes en l'honneur du dieu Saturne; jours de réjouissances, de liberté absolue », neutre plur. de l'adj. saturnalis « de Saturne », dér. de Saturnus, v. l'étymol. de saturne. Fréq. abs. littér.:58.
saturnales [satyʀnal] n. f. pl.ÉTYM. 1564; saturneles, v. 1355; du lat. saturnalia, neutre pluriel, sens ci-dessous 1.❖1 Antiq. Fêtes célébrées dans l'Antiquité romaine en l'honneur de Saturne, au cours desquelles les esclaves prenaient la place des maîtres et qui étaient l'occasion de diverses réjouissances.♦ Au singulier :1 Tout peut être parodié, même la parodie. La saturnale, cette grimace de la beauté antique, arrive de grossissement en grossissement, au mardi-gras (…)Hugo, les Misérables, V, VI, I.2 (1666). Littér. || Saturnales ou saturnale : temps de licence, de débauche ou de désordre. — Par ext. Excès (de tout ordre). || « Les saturnales de la grandeur » (Chateaubriand).2 Ils le jouaient (le whist) après leur dîner, tous les soirs, jusqu'à minuit ou une heure du matin, ce qui est une vraie saturnale pour la province.Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… », p. 219.
Encyclopédie Universelle. 2012.